LITTERATURE - Romain GARY (Emile AJAR) - La Vie devant soi -
Roman
La Vie devant soi
Chef d'oeuvre de Romain GARY (Emile AJAR)
Ce roman autobiographique est paru en 1975
Prix GONCOURT en 1975
Le livre est adapté au cinéma en 1977 par Moshé MIZRAHI
Les acteurs principaux sont Simone Signoret : Madame Rosa et Samy Ben Youb : Momo
Historique ____________________________________________________
Ce roman constitue une exception et une mystification dans l'histoire du prix Goncourt — au huitième tour de scrutin (six voix) contre Un policeman de Didier Decoin (trois voix) et Villa triste de Patrick Modiano (une voix) —, puisque Romain Gary l'avait déjà reçu auparavant en 1956 pour Les Racines du ciel et que le prix ne peut être décerné deux fois au même auteur. Cependant, ce roman fut publié par Gary sous un nom d'emprunt, Émile Ajar, et avec une personne complice jouant le rôle de l'auteur pour les médias, Paul Pavlovitch, un parent de Gary. L'affaire fut révélée seulement à la mort de Romain Gary en 1980, bien que des doutes sur l'identité réelle de l'auteur aient été émis précédemment et des doutes sur la double identité d'Ajar dès sa parution.
Romain Gary a pris ce pseudonyme à un moment où il était très critiqué, et pour retrouver une certaine liberté d'expression. Un critique de Lire n'hésita pas à critiquer vigoureusement l'œuvre de Gary, pour finir de l'achever en déclarant : « Ajar, c'est quand même un autre talent. »
Par crainte que l'affaire ne donne lieu à des poursuites en justice, Romain Gary décida toutefois de refuser le prix Goncourt, ce qui lui valut des critiques acerbes de la part de plusieurs critiques littéraires (au Figaro et à L'Aurore notamment. Le prix lui est malgré tout remis, car il est attribué à un livre plutôt qu'à un écrivain.
Critique ____________________________________________________
Que dire devant tant de beauté!
Tant d'amour qui nous rappelle cette maman que Romain GARY aime tant dans son roman La Promesse de l'aube, autre chef d'oeuvre. C'est drôle, on sourit tout au long du récit, Gary utilise un langage emprunté à Momo, enfant de la rue. Malgré la gravité du sujet, on se laisse emporter par tant de justesse.Très belle leçon de vie.
Résumé ____________________________________________________
Madame Rosa, une vieille femme juive, qui a connu Auschwitz et qui, autrefois, se défendait avec son cul (selon le terme utilisé par Momo pour signifier prostitution) rue Blondel à Paris, a ouvert « une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers », autrement dit une pension clandestine où les dames qui se défendent avec leur cul laissent leurs rejetons pendant quelques mois pour les protéger (de l'Assistance publique ou des représailles des "proxinètes"). Momo, jeune musulman timide d'une dizaine d’années, raconte sa vie chez madame Rosa et son amour pour la seule « mère » qui lui reste, cette ancienne prostituée, devenue grosse et laide et qu'il aime de tout son cœur. Le jeune homme accompagnera la vieille femme, cette mère courageuse et orgueilleuse, jusqu'à la fin de sa vie.
Extraits ____________________________________________________
"il m'a expliqué en souriant que rien n'est blanc ou noir et que le blanc, c'est souvent le noir qui se cache et le noir, c'est parfois le blanc qui s'est fait avoir".
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« Il ne faut pas pleurer, mon petit, c'est naturel que les vieux meurent. Tu as toute la vie devant toi. »
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"Elle ne voulait pas entendre parler de l'hopital ou ils vous font mourir jusqu'au bout au lieu de vous faire une piqure .Elle disait qu'en France on était contre la mort douce et qu'on vous forçait à vivre tant que vous étiez encore capable d'en baver" .
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"Bon moi j'ai rien vu dans ma vie et j'ai pas tellement le droit de dire ce qui est effrayant et ce qui ne l'est pas plus qu'autre chose , mais je vous jure que Madame Rosa à poil , avec des bottes de cuir et des culottes noires en dentelles autour du cou , parce qu'elle s'était trompée de coté , et des niches comme ça dépasse l'imagination , qui étaient couchées sur le ventre , je vous jure que c'est quelque chose qu'on peut pas voir ailleurs , meme si ça existe . Par-dessus le marché , Madame Rosa essayait de remuer le cul comme dans un sex-shop , mais comme chez elle , le cul dépassait les possibilités humaines".
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"Je me souviens que je lui ai dit ça très franchement, il faut maigrir pour manger moins, mais c'est très dur pour une vieille femme qui est seule au monde. Elle a besoin de plus d'elle-même que les autres. Lorsqu'il n'y a personne pour vous aimer autour, ça devient de la graisse".
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"Mais je tiens pas tellement à être heureux, je préfère encore la vie. Le bonheur, c'est une belle ordure et une peau de vache et il faudrait lui apprendre à vivre. On est pas du même bord, lui et moi, et j'en ai rien à foutre".
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