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Les Arts et la Littérature
4 mai 2016

LITTERATURE - Albert COHEN - Belle du Seigneur -

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                              BELLE DU SEIGNEUR d'Albert COHEN  

 

COUP DE COEUR                                              

                                                  

Belle du Seigneur est un roman de l'écrivain suisse francophone Albert Cohen publié en 1968.

Belle du Seigneur, dont la rédaction commencée dans les années 1930 a été interrompue par la Seconde Guerre mondiale, a longuement été repris, corrigé, augmenté. Le roman a été finalement publié par les éditions Gallimard en 1968 à contre-courant des œuvres de l'époque. Certaines scènes burlesques ont été retirées du livre à la demande de l'éditeur Gaston Gallimard puis publiées séparément sous le titre Les Valeureux en 1969.

Troisième volet d'une tétralogie qui commence avec Solal (1930) et Mangeclous (1938), ce roman-fleuve a reçu le grand prix du roman de l'Académie française. L'auteur y entrecroise et superpose les voix des personnages et dans les cent six chapitres se mêlent la passion et la drôlerie, le désespoir et les exaltations du cœur. Le roman raconte en effet la passion morbide d’Ariane et de Solal, mais aussi d'une certaine façon l'amour de Cohen pour la langue française et pour l’écriture.

Belle du Seigneur est considéré comme l'un des très grands romans de langue française du xxe siècle, qualifié de « chef-d'œuvre absolu » (Joseph Kessel), « comme une culture en produit une douzaine par siècle » (François Nourissier). Il connaît aussi un succès public de très grande ampleur et demeure la meilleure vente de la collection Blanche des éditions Gallimard.

L'édition de référence choisie pour cet article est l'édition Folio de 2007 (comprenant 1 110 pages). Notons que l'absence de ponctuation et la présence de fautes d'orthographe dans certaines citations correspondent à la volonté de l'auteur.

Belle du seigneur est une condamnation de la passion, mais le livre explore d'autres thèmes : à travers la description mordante des mœurs de la SDN et de la mentalité bien-pensante de la bourgeoisie, Cohen esquisse une critique sociale tout en ironie. L'antisémitisme et l'attachement de l'auteur au peuple juif sont des thèmes secondaires permettant d'expliquer en partie le comportement de Solal.

Les lecteurs gardent souvent de Belle du Seigneur le souvenir d'un grand texte comique.

Le roman fait preuve d'une ironie sarcastique à l'égard de la médiocrité d'Adrien, et les faux dévots (Antoinette Deume et ses amies). Cette même ironie déjoue aussi les actions des institutions internationales inefficaces comme la S.D.N.                                                

 

                                                   Résultat de recherche d'images pour "photo albert cohen" Albert COHEN

 

Albert Cohen, né à Corfou, le 16 août 1895, mort à Genève le 17 octobre 1981, est un poèteécrivain et dramaturge suisse romand dont l'œuvre est fortement influencée par ses racines juives. C'était aussi un activiste politique dont l'engagement en faveur du sionisme a été profond.

Issus d'une famille de fabricants de savon, les parents d'Albert décident d'émigrer à Marseille après un pogrom, alors qu'Albert n'a que 5 ans. Ils y fondent un commerce d'œufs et d'huile d'olive. Il évoquera cette période dans Le Livre de ma mère. Albert Cohen commence son éducation dans un établissement privé catholique. C'est le 16 août 1905 qu'il se fait traiter de « youpin » dans la rue par un camelot de la Canebière, événement qu'il racontera dans Ô vous, frères humains. Le jeune garçon court à la gare Saint-Charles. Il s'enferme dans les toilettes, faute de pouvoir s'enfuir. Sur le mur, il écrit : « Vive les Français ! ». En 1904, il entre au lycée Thiers, et en 1909, il se lie d'amitié avec un autre élève, Marcel Pagnol. En 1913, il obtient son baccalauréat avec la mention « assez bien ».

En 1914, Albert Cohen quitte Marseille pour Genève. Il s'inscrit à la faculté de droit de la ville en octobre. Dès lors, il s'engage en faveur du sionisme mais n'ira jamais en Israël. Il obtient sa licence en1917 et s'inscrit à la faculté des lettres où il restera jusqu'en 1919. Cette année-là, il obtient la nationalité suisse (il était ottoman). Il tente sans succès de devenir avocat à Alexandrie. Il épouse cette même année Élisabeth Brocher. En 1921, naissance de sa fille Myriam. En 1924, sa femme meurt d'un cancer. En 1925, Albert prend la direction de la Revue juive à Paris, qui compte à son comité de rédaction Albert Einstein et Sigmund Freud. De 1926 à 1931, il occupe un poste de fonctionnaire attaché à la Division diplomatique du Bureau international du travail, à Genève. Il trouvera dans cette expérience l'inspiration qui lui permettra de construire l'univers d'Adrien Deume et de Solal des Solal pour Belle du Seigneur. En 1931, il se marie en secondes noces avec Marianne Goss dont il divorcera.

En 1941, il propose de regrouper les personnalités politiques et intellectuelles européennes réfugiées à Londres dans un comité interallié des amis du sionisme qui aidera la cause d'un État juif, une fois la paix revenue. En effet, les dirigeants sionistes choisissent de porter tous les efforts sur le sauvetage des Juifs d'Europe quitte à sacrifier l'avenir politique. La stratégie de « propagande » de longue haleine de Cohen n'est donc plus d'actualité. De plus, avec l'entrée en guerre des États-Unis, l'Agence juive comprend que l'avenir du sionisme dépendra plus de l'Amérique que de l'Europe. Cohen est alors chargé par l'Agence juive pour la Palestine d'établir des contacts avec les gouvernements en exil. Il s'irrite vite de la méfiance de ses supérieurs de l'Agence juive. Il démissionne en janvier 1944 très déçu par la cause sioniste.

Le 10 janvier 1943, la mère de Cohen décède à Marseille. Cette même année il rencontre sa future troisième épouse, Bella Berkowich, En 1944, il devient conseiller juridique au Comité intergouvernemental pour les réfugiés dont font partie entre autres la France, le Royaume-Uni et les États-Unis. Il est chargé de l'élaboration de l'accord international du 15 octobre 1946 portant sur le statut et la protection des réfugiés. En 1947, Cohen rentre à Genève. Il est directeur d'une des institutions spécialisées des Nations unies. En 1957, il refuse d'occuper le poste d'ambassadeur d'Israël, pour poursuivre son activité littéraire.

Dans les années 1970, Albert Cohen souffre de dépression nerveuse et manque de mourir d'anorexie en 1978. Cette mort qu'il attend à chaque instant depuis toujours, ne veut pas de lui. Il change alors radicalement de vie (à plus de 80 ans…) et va employer ses dernières années à faire ce que son grand ami Marcel Pagnol avait fait toute sa vie : la promotion de son œuvre. Sortant de l'ascèse, il publie ses Carnets 1978 et répond aux demandes d'interviews. Une interview télévisée exclusive de Bernard Pivot, réalisée depuis son domicile genevois situé 7, avenue Krieg, pour Apostrophes le propulse sur le devant de la scène littéraire. Un numéro du Magazine littéraire lui est enfin consacré.

Il publie son dernier texte dans Le Nouvel Observateur en mai 1981 en forme de dernière glorification de l'amour de sa femme pour sa personne.

Albert Cohen décède à 86 ans, le 17 octobre 1981 (très tôt après la publication de son texte), des complications d'une pneumonie. Il est enterré au cimetière israélite de Veyrier, près de Genève. Bella Cohen est décédée le 1er décembre 2002, à 83 ans.                                                

                                                                                                                                                                                           

                                                   Belle du Seigneur par Cohen

 

                                                    

      Adaptation au cinéma   _____________________________________________

Le livre a été adapté au cinéma par le réalisateur Glenio Bonder, avec Natalia Vodianova et Jonathan Rhys-Meyers dans les rôles titres, Marianne Faithfull dans celui de Mariette et Ed Stoppard dans celui d'Adrien.

Le tournage du film (Belle du Seigneur) s'est achevé en fin 2011 au Luxembourg.

Le film, dont la sortie a été retardée en raison du décès du réalisateur en cours de montage, est sorti en France le 19 juin 2013.                                                                                                 

                                                                

       Critique           _____________________________________________________ 

Dans Le Nouvel Observateur, numéro de décembre 1968, Jean Freustié pense que ce roman est « […] un livre extraordinaire, irritant, magnifique, propre à déclencher les passions… C'est un livre fait pour casser l'orgueil. Pour casser tout. Au passage, et dans son pessimisme absolu, il ramène à zéro la passion sexuelle… Je crois saisir en cet esprit très religieux, très religieusement juif d'Albert Cohen, un immense désir de pureté. Qu'on soit ou non d'accord sur le principe sous-jacent, on constatera que ce n'est pas là un des aspects les moins intéressants du livre. »


François Nourissier, quant à lui, critique le roman Belle du Seigneur dans Les Nouvelles Littéraires, numéro de septembre 1968, par le biais des chiffres :« Quel morceau, Quel monstre ! 845 pages, 32 francs et à peu près autant d'heures de lecture que de francs : on est terrorisé… On tente pourtant l'aventure. On plonge dans l'énorme histoire : alors le mécanisme joue et l'on est piégé. Des beautés éclatantes, des torrents de mauvais goût : on est emporté par l'un, ébloui par les autres. On sort de là un peu stupéfait, la tête vide, mais soyons francs : le jeu en valait la chandelle. »

Paul Creth commente ainsi le roman dans le numéro de novembre 1968 de la Voix du Nord : « Belle du Seigneur est beaucoup plus qu'un roman : un monument, une cathédrale, un morceau de temps recréé dans sa générosité, sa totalité. »

Ariane devant son seigneur, son maître, son aimé Solal, tous deux entourés d'une foule de comparses : ce roman n'est rien de moins que le chef-d'œuvre de la littérature amoureuse de notre époque. 

Histoire d’amour absolue, indépassable, Belle du Seigneur, le livre culte d’Albert Cohen, traumatise chaque jour de nouveaux lecteurs. Un drame qui ne peut plus être tu. Les Inrocks

 

        Résumé          ____________________________________________________

Belle du Seigneur est le récit de la passion de Solal et d'Ariane d'Auble ; une passion flamboyante qui peu à peu se désagrège.

Ariane d'Auble, jeune aristocrate protestante , candide et fantasque, a épousé Adrien Deume, un petit bourgeois étriqué qui travaille à la Société des Nations. Sa belle-mère est mesquine et son beau-père insignifiant.

Solal, juif séducteur , ironique et grand prince , est le responsable hiérarchique d'Adrien Deume.

Le 1er mai 1935, vers midi, à Genève, "déguisé en vieux juif... pauvre et laid", il s'introduit chez Ariane. La jeune femme est horrifiée. Solal enlève son déguisement et lui déclare, malgré son scepticisme quant à l'amour, sa passion. Ariane lui résiste.

Puis Solal envoie Adrien Deume en mission à l'étranger pour trois mois. Il revoit Ariane et à l'issue d'un immense discours sur la séduction,  Ariane finit par lui céder.

Leur amour connaît alors " le délire sublime des débuts". Ils vivent une intense passion.

 

        Extraits            ____________________________________________________

"Les autres mettent des semaines et des mois pour arriver à aimer, et à aimer peu, et il leur faut des entretiens et des goûts communs et des cristallisations. Moi, ce fut le temps d’un battement de paupières. Dites moi fou, mais croyez-moi. Un battement de ses paupières, et elle me regarda sans me voir, et ce fut la gloire et le printemps et le soleil et la mer tiède et sa transparence près du rivage et ma jeunesse revenue, et le monde était né, et je sus que personne avant elle, ni Adrienne, ni Aude, ni Isolde, ni les autres de ma splendeur et jeunesse, toutes d’elle annonciatrices et servantes".

                                ____________________________________________________

"Dans la salle des pas perdus, les ministres et les diplomates circulaient, gravement discutant, l'oeil compétent, convaincus de l'importance de leurs fugaces affaires de fourmilières tôt disparues, convaincus aussi de leur propre importance, avec profondeur échangeant d'inutiles vues, comiquement solennels et imposants, suivis de leurs hémorroïdes, soudain souriants et aimables. Gracieusetés commandées par des rapports de force, sourires postiches, cordialités et plis cruels aux commissures, ambitions enrobées de noblesse, calculs et manoeuvres, flatteries et méfiances, complicités et trames de ces agonisants de demain".

                                ____________________________________________________

- "Puisque nous sommes seuls, je vais vous séduire.
- Vous êtes ignoble.
- Bien sûr, sourit-il. Mais dans trois heures, les yeux frits, comme je vous l'ai promis. Oui, séduite par les misérables moyens qu'elles aiment et que vous méritez, éborgneuse de vieillards. Le jour du vieux, j'étais prêt à vous emporter sur le cheval qui attendait en bas, mais ce soir vous me déplaisez. De plus, voyant votre considérable nez en pleine lumière, je suis épouvanté.
- Mufle, dit-elle.
- Voici, je vous propose un pari. Si dans trois heures vous n'êtes pas tombée en amour, je nomme votre mari directeur de section".

                                 ____________________________________________________

" Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d'eux seuls préoccupés, goûtaient l'un à l'autre, soigneux, profonds, perdus. Béate d'être tenue et guidée, elle ignorait le monde, écoutait le bonheur dans ses veines, parfois s'admirant dans les hautes glaces des murs, élégante, émouvante exceptionnelle femme aimée parfois reculant la tête pour mieux le voir qui lui murmurait des merveilles point toujours comprises, car elle le regardait trop, mais toujours de toute son âme approuvées, qui lui murmurait qu'ils étaient amoureux, et elle avait alors un impalpable rire tremblé, voilà, oui, c'était cela, amoureux, et il lui murmurait qu'il se mourait de baiser et bénir les longs cils recourbés, mais non pas ici, plus tard, lorsqu'ils seraient seuls, et alors elle murmurait qu'ils avaient toute la vie, et soudain elle avait peur de lui avoir déplu, trop sûre d'elle, mais non, ô bonheur, il lui souriait et contre lui la gardait et murmurait que tous les soirs, oui, tous les soirs ils se verraient ".

                                 ____________________________________________________

"Elle se précipita lorsque la sonnette retentit. Mais arrivée dans le vestibule, elle fit demi-tour. Avait-elle bien enlevé la poudre ? De retour au salon, elle resta devant la glace, s'y regarda sans s'y voir. Le sang battant à ses oreilles, elle se décida enfin, s'élança, faillit tomber, ouvrit la porte. Comment allez-vous ? lui demanda-t-elle avec le naturel d'un chanteur d'opéra faisant du parlé.
La respiration difficile, elle le précéda dans le salon. Un sourire immobile posé sur ses lèvres, elle lui indiqua un fauteuil, s'assit à sont tour, tendit le bas de sa robe, attendit. Pourquoi ne lui parlait-il pas ? Lui avait-elle déplu ? Il restait peut-être de la poudre. Elle passa sa main sur son nez, se sentit dépourvue de charme. Parler ? Sa voix serait enrouée, et s'éclaircir la gorge ferait un bruit affreux. Elle ne se doutait pas qu'il était en train d'adorer sa gaucherie et qu'il gardait le silence pour la faire durer. 
Lèvres tremblantes, elle lui proposa une tasse de thé. Il accepta avec impassibilité. Guindée, les joues enflammées, elle versa du thé sur le guéridon, dans les soucoupes, et même dans les tasses, demanda pardon, tendit ensuite d'une main le petit pot à lait de l'autre les rondelles de citron. Laine ou coton ? demanda-t-elle. Il eut un rire, et elle osa le regarder. Il eut un sourire, et elle lui tendit les mains. Il les prit, et il plia genou devant elle. Inspirée, elle plia le genou devant lui, et si noblement, qu'elle renversa la théière, les tasses, le pot à lait et toutes les rondelles de citron. Agenouillés, ils étaient ridicules, ils étaient fiers et beaux, et vivre était sublime."

                                 ____________________________________________________

- "Je l'aime et je suis heureux, pensa-t-il. O merveille de t'aimer, lui dit-il.
- Quand pour la première fois? Osa-t-elle demander.
- À la réception brésilienne, murmura-t-il, pour la première fois vue et aussitôt aimée, noble parmi les ignobles apparue, toi et moi et nul autre en la cohue des réussisseurs et des avides d'importances, nous deux seuls exilés, toi seule comme moi et comme moi triste et de mépris ne parlant à personne, seule amie de toi-même, et au premier battement de tes paupières, je t'ai connue, c'était toi, l'inattendue et l'attendue, aussitôt élue en ce soir de destin, élue au premier battement des longs cils recourbés, toi, Boukhara divine, heureuse Samarcande".

                                ____________________________________________________

                              

 

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